Parmi les nombreuses mesures d’économies annoncées par le Gouvernement luxembourgeois figure notamment le report de la construction du lycée de Clervaux. Or, cette décision n’aura certainement pas fini de faire couler de l’encre. S’il est vrai qu’il convient de recourir à une politique budgétaire plus restrictive dans les années à venir (cf. mon article « €uro, quo vadis ? » du 17 juin 2009), il faut néanmoins rester attentif aux priorités que l’on se donne.
Aussi, je constate que la grande majorité des gens approuvant le report dudit projet ne sont pas issus de la région. Je ne peux pas leur en vouloir, car ils considèrent le problème sous le seul angle des économies budgétaires. Et les gens de la région de Clervaux ? Et bien, ils portent un regard tout autre sur le dossier. Certes, on peut leur reprocher de pratiquer une politique égocentrique: « faisons des économies, partout, sauf chez nous ! »
Malgré ces reproches, il est une chose qui manque cruellement dans toutes ces discussions animées, voire polémiques : des faits avérés !
Or, c’est un fait que Grand-Duché de Luxembourg dispose de 40.390 places dans l’enseignement post-primaire (source : Ministère de l’Education nationale et de la Formation professionnelle / 2009). Si on analyse ces données par canton, on se rend compte qu’il n’y a que 3 cantons sans aucune institution dans l’enseignement post-primaire : le canton de Remich (mais qui, notons-le au passage, dispose du lycée de Schengen qui se trouve sur le territoire allemand), le canton de Vianden et le canton de Clervaux. Or, ce sont justement les enfants des cantons de Vianden et de Clervaux qui auraient pu profiter du Lycée de Clervaux.
C’est un fait que la région autour de Clervaux, après la construction du lycée à Rédange, demeure la seule région de tout le pays a être reconnue comme étant un « vide scolaire absolu » dans le « plan directeur sectoriel lycées ». Ce vide scolaire absolu trouve son origine dans le constat que les élèves de la région sont obligés d’effectuer de longs et pénibles trajets quotidiens pour pouvoir se rendre à l’école.
C’est un fait que la population des cantons de Vianden et de Clervaux a connu une des plus grandes progressions démographiques sur les dernières années (+ 18,8 % pour le canton de Vianden, + 14,7 % pour le canton de Clervaux / entre 2001 an 2009 / source STATEC) et que le nombre d’enfants devant fréquenter l’enseignement post-primaire connaît(ra) dans ces deux cantons une croissance largement supérieure à la moyenne nationale.
Indépendamment de l’incidence directe de la construction d’un tel lycée, avec la création d’emploi à moyen terme pour les entreprises locales du secteur de la construction, la venue de nombreux enseignants qui s’implanteraient dans la région, l’importance pour le secteur Horeca de la présence des élèves et autres bénéfices collatéraux, la non-existence d’un tel lycée constitue un réel frein un développement économique de la région. En effet, comment peut-on raisonnablement s’attendre à attirer de la main d’œuvre si les personnes savent d’avance qu’ils auront du mal à scolariser leurs enfants d’une manière peu contraignante?
Malgré tout, il faut avouer que le Nord du Grand-Duché a connu un formidable développement dans le courant des dernières années, notamment par la construction d’écoles primaires régionales, de maisons de retraite, de divers centres culturels tels que le Cube 521 à Marnach et bien d’autres atouts. Mais le lycée de Clervaux serait un formidable vecteur pour dynamiser encore plus notre belle région. On dit qu’il n’y a que le provisoire qui dure. J’ose espérer que le Gouvernement saura redresser son tir et que ce report ne soit rien d’autre qu’un report. Pas un arrêt de mort ! A bon entendeur, salut !
Heiderscheid, le 28 juillet 2010.